Nous engraissons nos bovins pour la vent Nous engraissons nos bovins pour la vente directe

« La fluctuation des cours du broutard nous a incités à réfléchir à d'autres débouchés, explique Jean-Louis Couturier, en Gaec avec Jacky Tixier et Sylvain Brunet à Saint-Christophe, dans la Creuse. Aujourd'hui, nous vendons la quasi-totalité des produits issus de nos 65 vaches limousines en vente directe. »

Au fil du temps, la clientèle s'est constituée aux quatre coins de la France à partir de points-relais familiaux. Ainsi, deux à trois fois par an, des livraisons ont lieu en région parisienne, à Bordeaux, en Franche-Comté et dans le Sud-Est. La plus grosse partie de la viande est écoulée dans la Creuse.

« Nous continuons à commercialiser quelques broutards castrés à un collègue tous les ans, précise Jean-Louis. Nous sommes sûrs du débouché. Nous passons beaucoup mieux les crises avec ce système de commercialisation. »

Quelques vaches suitées et les meilleurs mâles de 9 mois sont également vendus comme reproducteurs. La génétique a en effet toujours fait partie des priorités des associés. Le troupeau est inscrit au herd-book et 60 % des vaches sont inséminées.

Conversion au « bio » 

La transition a été progressive et s'est accompagnée de la conversion à l'agriculture biologique.

« Nous avons commencé à vendre nos génisses et nos boeufs à la fin des années 90 à une coopérative bio de Limoges qui disposait d'une boucherie, se souvient-il. Mais les prix n'étaient pas très réguliers. Et comme quelques amis et voisins nous ont sollicités pour leur vendre notre viande, nous nous sommes lancés dans l'aventure de la vente directe. »

Petit à petit, la clientèle du Gaec du Puy-des-Forges s'est étoffée.

« Le bouche à oreille fonctionne bien, constate Jean-Louis. Les clients restent fidèles. Pourtant, nous n'avons jamais fait de publicité. Nous sommes toutefois très vigilants sur la qualité. La viande doit être rouge et très tendre. C'est pourquoi nous n'abattons pas d'animaux de moins de 3 ans, que ce soit des boeufs ou des génisses. Les jeunes vaches qui rencontrent des problèmes de reproduction peuvent aussi emprunter le circuit de la vente directe. »

L'engraissement a lieu sur quatre mois au moins et peut durer jusqu'à huit mois. La complémentation est ajustée en fonction des besoins d'abattage.

Le foin distribué à volonté constitue la base du régime. Il est riche en légumineuses (trèfle blanc et luzerne) et limite l'apport de concentré azoté nécessaire pour équilibrer la ration. Celui de deuxième coupe est privilégié. Les quantités de concentrés distribuées représentent en moyenne 4 kg/animal/jour.

Des protéines produites sur l'exploitation 

Ce mélange est à base de méteil récolté en grain (seigle ou bien triticale et pois) ou de céréales auxquelles sont ajoutés des tourteaux de tournesol ou de colza produit sur l'exploitation. « Ces tourteaux contiennent 28 à 29 % de protéines et moins de 10 % de matières grasses », précise Jean-Louis.

Leur valeur alimentaire est satisfaisante mais les rendements sont insuffisants certaines années, avec 10 à 12 q/ha. La conduite des cultures en bio est exigeante. Du coup, l'autonomie de l'exploitation est difficile à atteindre.

« Nous allons tester la féverole cette année, ajoute-t-il. Notre but est surtout d'atteindre l'autonomie car l'achat des concentrés bio revient très cher. »

De nouveaux équipements 

Pour être plus autonome sur le plan matériel, le Gaec a aussi investi 35 000 euros dans une salle de découpe et une chambre froide.

L'installation, financée dans le cadre d'un contrat agriculture durable (CAD), est aussi louée à la journée à des confrères. « Il n'est pas certain que nous puissions continuer de le faire en raison de notre agenda très serré », souligne Jean-Louis Couturier.

Autre investissement : le caisson frigorifique (1 300 l) installé dans le fourgon pour les livraisons hors département. Son prix de revient est d'environ 4 500 €. L'embauche d'un boucher a aussi été indispensable. Sa rémunération correspond à 0,5 €/kg de carcasse.

La découpe a donc bouleversé l'organisation de l'exploitation. Chaque carcasse demande quatre à cinq jours de travail à une personne en fonction des besoins de livraison.

Les associés ne semblent par regretter l'aventure : « Le contact avec le client est une expérience enrichissante, même si cette notion ne se mesure pas en argent », souligne Jean-Louis.

Pour satisfaire certaines demandes, le Gaec proposera bientôt de la viande de porc. Une vingtaine d'animaux viennent de commencer l'engraissement en plein air. « Ils seront abattus au cours de l'été prochain, prévoit Jean-Louis. Ils auront 1 an. »

1. Foin multiespèces. «& Le foin de prairies multiespèces constitue la base de l'alimentation du troupeau », détaille Jean-Louis Couturier.2. Découpe de la viande. Robert Cousseiroux (au fond du labo) est le boucher embauché pour la découpe des carcasses, auprès des associés (Jacky Tixier à gauche et Sylvain Brunet).3. Bientôt du porc. Le Gaec envisage d'enrichir son catalogue et vient de commencer l'engraissement de porc plein air.

Le Gaec du Puy-des-Forges est « apporteur » au magasin Coop des Champs, tenu par neuf producteurs creusois. Cette boutique est ouverte deux jours et demi par semaine et propose divers produits : viande de porc, d'agneau, de boeuf ou de volailles, fruits et légumes... « Notre but est de développer les circuits courts, explique Michelle Mas-de-Feix, la trésorière de la coopérative, qui gère la boutique. Et les relations, aussi bien entre producteurs qu'avec la clientèle, sont motivantes pour affronter diverses difficultés. »

[summary id = "10022"]